lundi 4 mai 2015

Le Sacrifice des dieux, de Christophe Michaud Critique d'Aelynah

Le Sacrifice des dieux, de Christophe Michaud


Après avoir entendu de nombreux commentaires élogieux de lecteurs j'ai voulu en avoir le cœur net et me suis donc lancée dans la lecture de ce roman grâce au forum Au cœur de l'Imaginarium.

Il s'agit du journal intime d'un homme travaillant pour le Saint Office, l'équivalent moderne de l'inquisition existant au moyen âge. Cet ouvrage est donc écrit à la première personne et il est vrai que cela nous permet assez rapidement de suivre son journal comme si nous l'écrivions nous même au fur et à mesure.
Le prologue nous met lui aussi dans l'ambiance avec l'histoire et la disparition du père de l'auteur suite à l'étude de ce manuscrit.
A-t-il choisi de partir ou en savait-il trop? Peut-être aurons nous la réponse à cette question à la fin de notre lecture si nous avons la chance d'en ressortir indemne.

Le personnage principal est détective pour l'Inquisition de l'Eglise, il est un homme de Dieu comme il le dit lui même mais sans les limitations de la soutane puisqu'il ne fait pas partie des ordres. Malgré une petite hypocrisie sur ce point de la part de la Sainte Église, qui ne rechigne pas à l'occasion à lui confier quelques missions de nettoyage, il est croyant et apprécie son travail. Lutter contre l'hérésie et les sectes démoniaques est devenu beaucoup plus qu'un simple boulot, c'est une passion.
Alors quand il est envoyé en mission en Italie pour découvrir une nouvelle secte d'hérétiques souhaitant invoquer, non pas des démons, mais des dieux païens, il suit son instinct.
Petit à petit celui-ci va le mener à étudier un manuscrit maudit, écrit par un noble du 18e dans le fond d'une cave sordide.
Petit à petit ce manuscrit va le subjuguer par sa noirceur, son rejet de l'humanité, ses idées maléfiques et inhumaines.
Petit à petit encore, le héros va nous entraîner à sa suite. C'est dans ces moments là que l'écriture à la première personne prend tout son sens. En lisant "je", le lecteur est déjà pris dans le livre. Car comment ne pas se sentir concerné par un texte qui nous parle, à nous, comme notre propre conscience.
Nous avançons donc lentement tout d'abord dans cette enquête. Le lecteur suit tranquillement le cheminement de l'histoire. Et lorsque notre héros fait la connaissance des responsables semble-t-il de la secte qui va le mener à ce fameux grimoire noir, alors le rythme s'accélère.
Tout comme notre protagoniste, nous sommes intéressés de plus en plus par ce texte et son contenu. Il est comme une étude sociologique d'un groupe ethnique à part, les Goules.
Petit à petit encore le grimoire semble insuffler des idées au lecteur. Notre héros semble perdre l'esprit. Des événements arrivent sans qu'il sache s'il en est à l'origine ou non. Mais nous sommes tellement pris dans le texte que des choses qui nous auraient paru aberrantes ou contre nature ne nous troublent même plus. Au contraire nous les trouvons presque normales. Par exemple lorsque l'auteur nous parle de profanation de tombes et de la détermination des crus des organes grâce aux indications sur celles-ci, aucun sentiment de gène ou même une grimace de dégoût ne vient nous interrompre dans notre lecture.
Tout comme le héros, nous nous enfonçons dans ce grimoire et tout comme lui nous souhaitons en connaître plus, encore plus, toujours plus.
L'auteur a vraiment su utiliser le style journal intime pour nous impliquer davantage dans cette histoire. Nous lisons page après page en suivant la chronologie mais avec l'envie parfois d'aller plus vite que la musique, de faire avancer les choses avec célérité au risque de se retrouver au pied du mur dans l'incompréhension la plus totale.
Nous ne pouvons que suivre instants après instants, jour après jour les découvertes de notre héros et ses évolutions.
Car l'utilisation par l'auteur de phrases courtes aux moments clés est synonyme de montée en puissance pour le héros mais aussi pour le lecteur. Ces phrases presque saccadées sont comme une respiration qui s'emballe en plein stress ou en pleine course.
D'où dans les chapitres, ou, devrais-je dire, les jours suivants cette sensation de parcourir l'Europe afin d'y découvrir de nombreux secrets.
Au final, le titre aura acquis toute sa consistance et nous ferons alors partie des "initiés".

En résumé, l'histoire est rondement menée, le suspens reste tendu tout au long du fil du récit et les descriptions sont suffisamment étayées pour qu'ajoutées au récit à la première personne vous vous sentiez impliqué.
Pourtant malgré une plume magistrale sur les actions ou le cheminement du journal, je n'ai pas réussi à être complètement emballée par l'histoire. Peut-être des lecteurs plus lovecraftiens que moi y seront-ils plus à l'aise et donc y trouveront-ils plus leur frisson.
C'est donc une lecture intéressante que ce sacrifice des dieux mais pas un coup de cœur personnel. Et je le regrette.
Merci cependant à l'auteur et au forum au cœur de l'Imaginarium pour cette lecture instructive et agréable.

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